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XXIII

MON BOY

Il s’appelait Birama. Je l’avais pris dans la prison de Bamako. Non par esprit humanitaire. Aucune manifestation de ma part. Mais en Afrique la prison est le bureau de placement. Là, les administrateurs et les blancs favorisés vont chercher leur domestique. Ils étaient une dizaine de prisonniers dans la cour de la boîte. En désignant un, je dis : « Je prends celui-là. Il n’a pas l’air très fort ; s’il m’attaque, je pourrai me défendre. » Je tombais mal : c’était un féticheur qui avait sacrifié un petit enfant pour le culte. J’eus le droit de choisir parmi les autres. L’un avait la figure toute ronde ; il était tout frisé. Pas plus nègre que lui. Sa face semblait résumer si bien toutes les races de noirs qu’à la fin je l’appelai le Nègre-Réuni. C’était Birama. Je l’emmenai.

D’abord je lui achetai la jaquette que vous savez, mais il l’échangea contre un ocarina en fer-blanc. Chaque fois que je rentrais, je le trouvais