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TERRE D’ÉBÈNE

— Avez-vous besoin de quelque chose ? lui dis-je.

— Ne vous occupez pas de moi. Je suis bien ici. La nourriture indigène me convient mieux que l’autre. Autrefois j’aurais digéré un Auvergnat rôti avec ses sabots, mais je n’ai plus de dents. Je loge dans le campement du chemin de fer. Tout le monde me connaît.

— Vous ne mettez pas de casque ?

— Non. Cependant il paraît que c’est indispensable, je l’ai entendu dire.

Une caisse remplie de cailloux et portant : « Produits d’exportation Félix Potin » était près de lui.

— Quoi ? Vous vous faites envoyer des cailloux de Paris ?

— Chut ! fit-il, cela est à Golt. Vous ne connaissez pas Golt ? Vous venez d’arriver, alors ? Golt, mon frère, mon collaborateur, l’Anglais, l’ancien lieutenant de la légion étrangère. Il est mort le mois dernier.

Et me montrant la caisse :

— Ceci est son testament.

Sur les cailloux on voyait une cuiller, un couteau et une demi-assiette :

— Et cela est son héritage. Golt est mort, mais il a trouvé. Baissez-vous, regardez.

— C’est des cailloux, dis-je.