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TERRE D’ÉBÈNE

— Rien que pour amener cette bille à la rivière, j’ai besoin de trois jours, encore si la tornade ne délaye pas trop le poto. Enfin je n’ai plus rien à abattre d’un moment ; voilà la lune montante, et il ne faut pas couper quand la lune monte… — Kouliko ! dit-il à son capita, tu vas me choisir dix costauds pour la nage, hein ? C’est dans trois jours.

— Vous allez faire un concours de natation ?

— Dans la boue, oui, et moi en tête. On va jeter les billes à l’eau. Ce n’est pas tout de les couper, il faut les amener à Abidjan, ensuite à Grand-Bassam. Maintenant je vais faire le jockey aquatique, à cheval sur mes drômes. Ah ! il faut avoir une santé !

— Et vous gagnez beaucoup d’argent ?

— Moi ? Je ne suis pas patron, mais chef de chantier. Je gagne de quoi ne pas m’ennuyer pendant trois mois à Paris une fois tous les deux ans.

Il soupira et dit :

— Ah ! la place Clichy vers les sept heures du soir ! Les petites femmes !

Puis il revint à son état :

— J’ai acheté des actions de la mine d’or, vous savez, à côté, à Koukombo. Il faut croire au miracle. C’est à nous, coloniaux, à donner l’exemple. Et puis il y a de tout dans cette sacrée terre d’Afrique, on ne sait jamais !… Kouliko !