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TERRE D’ÉBÈNE

Il s’approcha de l’arbre, lui caressa orgueilleusement l’écorce.

— Ça c’est un arbre ! C’est moi qui l’ai découvert, un tiama, un noyer d’Afrique. Allez ! Allez ! criait-il aux abatteurs.

Les abatteurs frappaient.

— Dundi ! hurlait le capita. Dundi (dépêchons) !

La hache vibrait dans la chair du bois. Ils frappaient en chantant d’une voix de tête :

Dibadivo ! Ah ya ! Nidibilé !

C’étaient des mots à eux ; ils s’encourageaient. À la fin, le dibadivo fit place à une longue plainte, une de ces plaintes d’épuisé, sœur de celles que l’on entend dans les hôpitaux. Mais les hommes frappaient toujours. Soudain, un craquement. L’un des nègres sauta de l’échafaudage. L’autre donna un dernier coup et sauta aussi. Et l’arbre s’abattit comme s’abattent toutes les grandes choses, avec un bruit majestueux qui commande aussitôt le silence.

Le capita revint. Il n’avait pu « coxer » les déserteurs.

— Je les aurai demain ou après-demain, fit le jeune blanc ; je sais où ils sont allés.

— Peut-être reviendront-ils d’eux-mêmes se faire payer ?

— Ils se moquent de l’argent. Mais ce soir