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TERRE D’ÉBÈNE

pays nègre. C’est encore la nuit cette fois-ci. Appuyée à la grille du port, une vieille Ouolof fume sa pipe.

— Bonsoir ! lui dis-je.

— Him ! Him ! répond-elle.

Ce fut le seul salut de la terre d’ébène.

Et j’allai dans la ville.

Tiens ! la nouvelle poste est achevée. Ce n’est pas dommage ! L’autre était si dégoûtante que l’on n’osait lécher les timbres qu’elle vendait. Mais que tout est lugubre ! Quoi ? plus de terrasses devant les cafés, ces bonnes vieilles terrasses, images de la Patrie, et que la France exporte précieusement dans toutes ses colonies ? Que se passe-t-il ? Il y a que les mesures contre la fièvre jaune ne sont pas encore levées. Le stegomia se porterait-il toujours gaillardement ? Où est ma pompe contre les moustiques ? Je devrais l’avoir dans les mains et me faire précéder d’un nuage protecteur. La pompe est restée chez le marchand. Si ma mère savait cela ! Il est vrai que ces bestioles aiment surtout le sang pur et frais. Or…

Dakar n’est plus qu’une immense cage. Les restaurants sont derrière des toiles métalliques. Les personnes aux fenêtres, s’imaginant prendre l’air, sont, elles aussi, derrière des toiles métalliques. Ces deux colons buvant l’apéritif se prélassent au centre d’un vaste garde-manger planté dans un jar-