Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XIX

MARCHÉ AU COTON

Voici Bouaké. Nous sommes en Côte d’Ivoire. Tout un village, sacs sur la tête, enfants dans le dos, est en marche vers le marché au coton.

D’où vient-il ? Je ne sais. Comment a-t-il pris son pied la route. Voici : le commandant de Bouaké lui a envoyé un tirailleur.

— Allez ! Allez ! Grouillez, tas de sauvages ! (Vous entendez bien que le tirailleur est un noir comme les autres, mais il parle au nom de l’autorité.) Dix tonnes coton pour marché Bouaké ! Quatre jours pour ramasser lui ; deux jours pour porter lui, grouillez, fanants (fainéants) !

Là-dessus, faisant siffler le manigolo, le tirailleur alla s’installer dans la case du chef. Il demanda la plus belle mousso, puis à boire et à manger. Fort d’une autorité qui le fait l’égal des anciens rois nègres, il confond dans son cerveau les pouvoirs qu’il représente avec ceux qu’il se donne. Il but, mangea, viola, changea de femme.