Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
TERRE D’ÉBÈNE

assez grande pour loger certains commerçants selon leur mérite.

— Vous êtes comme votre collègue de Houndé, qui demande un dompteur à la place d’un gouverneur. Faites-vous aussi flotter sur votre résidence le drapeau noir à tête de mort ?

Hier, à Houndé, j’avais vu cet emblème battre à la porte de la maison de France. C’était le fameux drapeau des frères de la côte. Il faut savoir que l’on désigne, par là, les épaves, les aventuriers, les nomades, tous les hommes avec tache, roulés par l’écume jusqu’aux rives chaudes d’Afrique. L’administrateur entendait ainsi honorer ses compatriotes. Ce représentant de l’autorité était d’ailleurs un phénomène. La veille de mon départ, n’avait-il pas envoyé au gouverneur le télégramme suivant :

« Monsieur le gouverneur, je suis l’homme le plus malade que l’on ait jamais vu. Ce matin, au marché au coton, je me pèse sur la bascule d’un commerçant. Il était dix heures, la bascule accusa soixante-quinze kilos. Une heure après, je reviens, je monte sur la même bascule. Horreur ! je ne pesais plus que cinquante kilos. La perte de vingt-cinq kilos en une heure me semble un fait suffisant pour solliciter de votre haute bienveillance un congé de convalescence ! »

Ah ! brillant Huchart, Huchart de la mort,