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TERRE D’ÉBÈNE

n’étaient pas des plateaux. Un gros morceau de quartz bouchant un trou déformait la lèvre inférieure. Le quartz enlevé, on voyait soit la langue, soit la salive glisser par l’orifice. C’était dégoûtant. Un peu d’esthétique, Messieurs les Gouverneurs ! Une femme est une femme, que diable ! Nous respectons leurs coutumes, dites-vous ? Ouiche ! Tant qu’elles ne nous gênent pas. Nous en avons fait bien d’autres ! Nous leur interdisons de donner leurs captives au caïman, sous prétexte qu’il est sacré, et de tuer les serviteurs pour tenir compagnie au cher mort, alors pourquoi les autoriser à changer leurs femmes en canards ?

J’étais donc dans ce fameux Bobo-Dioulasso, lorsque quatre blancs se jetèrent sur moi. L’administrateur m’accompagnait ; ils m’en séparèrent et me dirent : « Nous voulons vous parler… Vous permettez ? » firent-ils, par-dessus mon épaule, à l’officiel. L’autre leva les deux mains, en signe de complet désintéressement. « Nous sommes délégués par les commerçants de Bobo », firent mes agresseurs.

Je leur donnai rendez-vous pour cinq heures.

— Alors, dis-je au commandant, ici, c’est comme partout, vous vous mangez le foie ?

Le foie et le nez. Ils s’entre-dévoraient. L’administrateur se reprochait de n’avoir pas une prison