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TERRE D’ÉBÈNE

veux pas le saluer, j’abaisse mes pouces. Cela ne le fâche pas ; il joue au coq devant moi. Je foule la première marche. Mon pied a-t-il touché une sonnette ? Aussitôt la cour sort en masse, roi en tête, et s’aligne sur la cinquième marche. Me voilà joli ! Heureusement les musiciens entament le tam-tam. Je vais droit au roi. Je fourre ma main dans la sienne. Je lui dis : « Ton père va bien ? Ta mère va bien ? Ton cheval va bien ? » Peut-être me répond-il : « Et ta sœur ? Elle va bien ? »

Il faut entrer dans la salle du trône.

Naba Kôm est revêtu d’une lévite de velours lie de vin lamée, pailletée et fleurie. Il a, pour le moins, huit kilos sur ses épaules. Il doit me bénir ! Ses cuisses sont sûrement énormes ; il marche comme un éléphant. Son trône est surélevé. Il le gagne, s’assied. Les soronés l’entourent ; les musiciens prennent place. Le Baloum Naba me fait mettre sur une chaise en contre-bas. Nous sommes maintenant face à face. On se regarde. Nous avons l’air intelligent !

Sans plus m’occuper de Sa Majesté, je passe l’inspection de la salle du trône. Elle est décorée de quatre vieilles photographies de journal. On y voit le général Dodds entrant à Abomey, la dégradation de Dreyfus, le pillage du Palais d’Été à Pékin, le meurtre de Sadi Carnot. De l’autre