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TERRE D’ÉBÈNE

fera rien, tant qu’on n’aura pas dit au soleil : « Écoute, cela ne peut durer ; tu brûles la terre, tu pompes la matière cérébrale des hommes, tu empêches les chiens d’aboyer… Approche un peu, on va te mettre en valeur ! » Un projet de loi sur la mise en valeur du soleil en Afrique s’impose. C’est mon opinion en me rendant à pied chez le Morho Naba !

Je vais être en retard. Je lui raconterais bien un mensonge pour m’excuser ; mais voyez-vous qu’il me fasse subir l’épreuve de la calebasse ? Xavier, tu n’es pas sérieux ! Tu as pourtant été élevé chez les missionnaires ; tu es catholique. Il est vrai que tu vas aussi chez le féticheur. Comment veux-tu être à l’heure ?

Le palais est en vue : une grande bâtisse en boue que nous avons fait construire pour le souverain. J’y vois grouiller un monde fou. Ces gens-là ne vont rien comprendre à mon discours.

J’arrive. Je franchis courageusement la porte. Deux commensaux se jettent ventre à terre et me font poussi-poussi. J’hésite à leur rendre la politesse. Il faut une longue habitude pour frapper convenablement ses avant-bras contre le sol, les pouces en l’air ! Je lève toujours mes pouces ; peut-être comprendront-ils l’intention ? Je marche jusqu’au grand perron. Mais voici l’autre, le chef sorcier, celui qui me fait peur avec ses plumes ! Je ne