Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.
138
TERRE D’ÉBÈNE

rend chez le gouverneur pour lui présenter ses salutations hebdomadaires.

Ses soronés (mignons) courent devant lui. Le Bindi Naba, ministre des musiciens, active l’ardeur des exécutants. Le Ouidi Naba, grand maître de la cavalerie, dirige la monture royale. Ce naba ne manque pas de travail : un grand nègre vêtu comme une autruche fait tant de simagrées que le cheval s’effraie ; c’est le Pouy Naba, chef des féticheurs. En voilà un que je devrais embaucher pour chasser mes chauves-souris ! Chevauchant deux foulées derrière le souverain, vient le Tapsebo Naba, chef de guerre. Il est en selle sur une peau de panthère. Quatre galopins l’entourent de quatre lances. Mais pourquoi un chien le suit-il aussi docilement ? La pauvre bête est attachée à la queue de son cheval ! Elle doit représenter la curée. Précédant le grouillant cortège, le Ouagadougou Naba, préfet de police, œil de faucon.

Sa Majesté est sous le parapluie, un parapluie de coton dont deux baleines transpercent le dôme. Elle s’appelle Naba Kôm, chef de l’eau, et Elle craint la pluie ! À vue d’œil, Elle pèse plus que son cheval. On dirait Sancho Pança noirci par le soleil et cherchant son patron parti pour délivrer le nègre. Fier est son regard.

Voilà le Nemdo Naba, chef de la viande ; le