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TERRE D’ÉBÈNE

eux aussi des cris déchirants, vu qu’on leur coupa le cou.

Le sort des poulets me fit réfléchir. Je m’en allai.

Une autre fois je vis un mort, mais couché dans une fosse. C’était un enterrement mossi. Les parents jetaient des cauris sur le cadavre pour lui permettre de s’acheter de l’eau quand il aurait soif et de payer les droits de passage sur la route de l’éternité. Le laghda (le fossoyeur) combla la fosse. Le travail achevé, il prit la parole. D’un mouvement de tête, la famille approuvait le discours.

— Accepte ces cauris, disait-il au mort, ne les gaspille pas. Sois sobre, raisonnable. Que ton kima ne rôde pas, qu’il aille rejoindre tout de suite tes ancêtres à Pilimpikou (village où l’on rencontre les parents morts). Tu as assez marché. Surtout ne reviens pas, car ce que tu laisses sur la terre profite à tes héritiers.

Tranquillisés, les héritiers partirent.