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TERRE D’ÉBÈNE

De chaque côté, des bâtisses jumelles et noirâtres se répondent. Ce sont des palais… des palais de boue.

L’aspect est à ce point séduisant que l’on doit se retenir pour ne pas crier au secours

Ici, dans un coin, habite le dernier roi nègre, le Morho Naba, Empereur des Mossis.

En 1920, nous avons érigé le pays mossi en colonie indépendante. Nous avons tranché en deux le Haut-Sénégal et Niger. Ainsi sont nés le Soudan et la Haute-Volta.

L’amour de l’euphonie ne nous a pas uniquement guidés quand nous avons installé la capitale à Ouagadougou, mais aussi la présence du Morho Naba. Ouagadougou est une ville dans la lune. C’est sur la route de rien du tout. La capitale était marquée d’avance. Elle portait même un nom qui valait l’autre : Bobo-Dioulasso ! Nous avons préféré avoir le nez en l’air !

Reniflons donc. Le temps ne nous manquera pas, nous aurons le jour et la nuit. Ô nuits d’Ouagadougou ! Je logeais dans un palais, comme tout le monde, l’un de ces palais en boue toute neuve. Je me serais gardé d’envoyer la photographie de mon domicile à mes amis, ils auraient cru que j’avais fait fortune dans le coton ou le beurre de karité ! Ce n’était pas une maison de passage, un caravansérail, pollué, mal tenu, mais la