Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
TERRE D’ÉBÈNE

l’habitude de voyager lentement. En Afrique, les transports sont officiellement dans la même situation qu’il y a trente ans, avec, pourtant, cette différence que les remorqueurs sont usés. Pour faire plaisir à des voyageurs de choix, l’administration n’a d’autres moyens que d’emprunter des machines à l’industrie privée. Le passager de luxe, bien cocotté par le gouverneur, chantera à son retour en France la rapidité des transports dans le pays sauvage. Il la chantera d’autant plus haut qu’il sera mieux élevé. Sortons des salamalecs, et nous verrons que rien ne circule. Le 21 février, un commis adjoint arrivait à Tombouctou ; il était allé vite, ayant quitté la France le 7 janvier ! Si je n’avais recueilli le sous-officier, il eût attendu une autre occasion à Kabara. Il faut près d’un mois aux fonctionnaires pour couvrir ce que, normalement, à notre époque, on pourrait faire en cent heures. Combien d’indemnités de route n’économiserait-on pas si nous avions des vapeurs ? Mais où ai-je pris que l’on devait marcher à toute vapeur à travers l’Afrique ?


— Araouan ! répétait le sous-officier assis maintenant en face de moi, Araouan !…

Je mangeais ses boîtes de thon, je broyais les os de lapin de son cassoulet. Je buvais son vin noir.