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TERRE D’ÉBÈNE

les murs pour y frapper ma tête. Si mes ingrats compagnons avaient été là, je les eusse dévorés.

J’avais bien mon boy, mais son corps étant sans doute aussi dur que sa tête, comment mes dent en seraient-elles venues à bout ?

On redescendait le Niger accompagné par les oiseaux-trompette.

— Ti n’as pas fusil ? me demandait le chef laptot. Et il me montrait des canards qui, par milliers, passaient d’une rive à l’autre. Cela me rendait plus amère l’heure présente : tant de canards au ciel et pas un seul aux petits pois !

— Toi, connaître Dadannelles ? continua-t-il.

— Moi, connaître Dardanelles.

— Toi, connaître Saint-Aphaël ?

— Moi, connaître Saint-Raphaël.

— Toi, connaître Montauban ?

— Moi, connaître Montauban.

— Toi, tout connaître ! Toi connaître aussi mon père et ma mère ?

C’était un ancien tirailleur.

— Comment trouvais-tu la France, lui dis-je, était-ce bon ou pas bon ?

— Bon ! la France, beaucoup zolies boutiques, beaucoup lumière, beaucoup madames blanc…

Il se gargarisa d’un grand rire.

— Qui m’appelaient mon Mamadou, qui donnaient à moi cadeaux beaucoup !