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TERRE D’ÉBÈNE

— Excusez-moi, je ne suis pas embarrassé, mais les mots que je voudrais justes ne me viennent plus en français, ils m’arrivent en sonraï. Ne parlez-vous pas sonraï ? Voilà. À Tombouctou, je ne fus plus heureux. Ne pouvant résister à ma nature, je quittai la société des Pères Blancs, pour éviter de gros scandales.

— Alors ?

— J’allai trouver l’administration et lui dis : je laisse la robe.

« — Que ferez-vous ?

« — Je vais aller à Koriommé avec les pêcheurs.

« — Impossible !

« — Nommez-moi directeur du port, avec soixante francs par mois, c’est tout ce qu’il me faut. Je travaillerai pour la France.

C’était trop cher. Je descendis à Koriommé. Comme un nègre, j’y vécus avec mes amis les noirs. J’y épousai Salama. Ma femme n’avait été mariée qu’avec des Européens, j’ai pris les enfants des autres Européens, les captifs, toute la maison. J’ai sept enfants à moi, dont deux au cimetière ; en tout, j’en ai treize en comptant celui de ma fille aînée. Elle était avec un blanc qui est parti comme tous les blancs. On ne l’a plus jamais revu.

— Victor ! Vous allez voir le numéro.