Page:Londres - Terre d'ébène, 1929.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
TERRE D’ÉBÈNE

temple protestant. Mon père était marchand de vins. Mais buvez donc un coup, c’est nécessaire dans ce pays ! À votre santé ! J’allais chez mes grands-parents, paysans, aux environs de Château-Thierry. — À onze ans, je ne sais par quel miracle, je me retrouvai au séminaire de Soissons. Je ne sentais pas la vocation, mais cela faisait plaisir à ma maman. Après, je fus vicaire à Marbe, curé à Morgny, en Thiérache. En 1891, je partis chez les Pères Blancs que je vénère. Deux années d’études à Alger.

Puis l’heure sonna. Je fus de la première caravane de missionnaires envoyée au Soudan. Ce n’était pas comme aujourd’hui. Combien avez-vous mis de temps pour venir de Dakar ?

— Dix-neuf jours, en flânant.

— En marchant vite, j’en ai mis quatre-vingt-sept. C’est moi qui ai fondé la mission de Tombouctou en mai 1895. Il paraît que cela fait trente-trois ans, l’âge de Notre-Seigneur. De 1897 à 1904, je fus supérieur de cette mission.

— Yacouba ? d’où ce nom vient-il ?

— Comment je devins Yacouba ? Yacouba n’est évidemment pas la traduction de Dupuis, ni d’Auguste-Victor, mes prénoms. Yacouba veut dire Jacob en hébreu et en arabe. Quelques jours après notre arrivée à Tombouctou, les notables, conduits par le cadi Daounaki, vinrent nous rendre