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TERRE D’ÉBÈNE

une longue barbe blanche, le casque, un boubou, des pantalons de palikare. Une canne dans une main, dans l’autre main, une pipe et une blague à tabac faite d’une feuille de je ne sais plus quel arbre. Ses pieds étaient nus dans une enveloppe de cuir. Il avait du sourire sur le visage.

— Vous êtes monsieur Yacouba ?

— Oui, Yacouba.

On entra chez lui.

— Voilà ma femme, dit-il quand nous fûmes dans la sombre taverne, c’est Salama.

— Bonjour, madame ! (la négresse de tout à l’heure).

— Mes deux filles ! (les métis).

Montons dans mon appartement particulier, je me suis réservé un coin à l’européenne.

Deux cours traversées. Dans la dernière une jeune négresse au corps tentant pile le mil.

— Une captive de ma femme. Elle est de la famille, vous savez !

L’escalier de terre nous conduisit dans une pièce longue, meublée d’une table, de chaises, d’un fauteuil. Des bouteilles attendaient dans un coin l’heure de leur sacrifice. Une deuxième captive, belle et nue, traversa la chambre.

— Je me suis adapté, fit Yacouba avec un sourire. Ici, c’est tout naturel. Personne ne pense à mal. Cette vie n’est pas factice comme la vie de