ter l’oreille pour entendre comme sa respiration est courte.
— Dites-lui que si j’arme le sambouk je deviendrai l’affréteur et que les lou-lou seront pour moi.
Le plongeur écouta ma proposition et répondit :
— Au fond de la mer, apprends que l’on trouve plus de misère que de perles. Alors tu prends les perles et tu me laisses la misère ? Es-tu marchand ? Si oui, dix livres, qu’est-ce pour toi ? Es-tu promeneur ? Dans ce cas tu devrais payer plus cher.
Abdallah Kafir ben Ibrahim, toi-même, qui es-tu ? C’est toi qui m’intéresses et non ta marchandise. Es-tu un esclave ? Un individu condamné à la vie courte et au travail sous-marin ? À la grande lumière du jour, pour de moins naïfs que toi, tu n’es pas autre chose, pêcheur de perles ! Cependant, à tes yeux, que tu sois plongeur libre sur un houri ou simple matricule dans l’équipage d’un boom, tu n’es ni l’esclave ni le condamné. Un démon tentateur te parle à l’oreille, et je viens de comprendre que tu le suivras toute ta vie. Au fond de la mer on devient sourd, aveugle, cardiaque, phtisique : on devient riche aussi ! Du moins peut-on le croire. N’est-ce pas ô primitif ? Ya-Mal ! Ya-Mal !