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PÊCHEURS DE PERLES

Tout près de Djeddah, sur la mer Rouge, est un village qui existe à peine : quelques demeures bâties en pierres de corail et protégées du vent de sable par de bas murs de mêmes pierres. C’est si pauvre à la vue que les bras vous en tomberaient si le climat ne les avait déjà matés. C’est là Rouyéïs.

Au bruit du moteur, quelques femmes s’envolèrent. Notre arrivée présentant pour elles un spectacle sans pareil, le bourricot étant dans la voiture, on les vit se débattre un court moment entre la curiosité diabolique et les mœurs saintes de l’Islam.

Le pêcheur de perles nous pria d’avancer. Il fallut nous baisser pour entrer dans son refuge. Épouvantable minute ! Était-ce dans un chai d’huile de foie de morue qu’il nous introduisait ? Les pierres de corail chauffées au soleil, dégageaient l’odeur la moins épurée d’une mer poissonneuse. On se serait cru dans une tannerie de peaux de poissons. Et nous nous assîmes sur la natte.

Ce n’était pas une tannerie, mais une tanière : plafond bas, natte usée, quatre hommes au torse nu y raccommodant une voile. Une inscription arabe était charbonnée sur le mur.