Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
PÊCHEURS DE PERLES

un homme petit et chétif, pas encore aveugle, et qui entend suffisamment d’une oreille. Il est venu de Rouyéïs, son village, pour nous prendre et nous y conduire.

Le nommé Kafir n’a qu’un bourricot, Rouyéïs est à dix kilomètres. Le bourricot nous déclare nettement qu’il n’est pas un chameau et que le Coran lui interdit d’avoir plus de deux personnes sur le dos. Nous sommes trois. Il refuse de nous porter. Devant cette résolution, nous partons chez le loueur d’automobiles.

La veille, sur la route de Djeddah à la Mecque, un chauffeur avait écrasé un pèlerin. L’émir Fayçal, vice-roi du Hedjaz et fils d’Ibn Seoud, passait sur cette même route. Il fit arrêter sa voiture, ordonna au chauffeur coupable de se coucher sur le ventre et, sans se lever du coussin, ayant tiré son pistolet, il étendit le bras et brûla la cervelle de son imprudent sujet.

Ce chauffeur ainsi décédé appartenait à ce loueur.

Nous eûmes de la peine à convaincre l’homme que l’émir Fayçal ne pouvait se trouver à la fois à l’est et au nord. Il était à la Mecque, nous allions, nous, à Royeïs, nous ne rencontrerions pas sa Demi-Majesté. Il pouvait nous confier un chauffeur, nous le lui ramènerions et, probablement, avec sa cervelle !