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PÊCHEURS DE PERLES

où deux banquettes de velours rouge formaient un coin. Un homme brun y était assis en tailleur : le roi. Il était très beau et se grattait un pied, un pied tout usé d’avoir trop fait la guerre. Un ikouan surgissant m’effraya de nouveau, si bien que je ne rappelle plus si le roi se leva ou ne se leva pas. La figure était fine, fort noble, une figure de grand seigneur. Je ne sais sur quoi je m’assis, toujours à cause de l’ikouan. Enfin, je sortis un petit papier de ma poche. Un pauvre petit papier tout noirci de questions foudroyantes.

— Pourquoi ne permets-tu pas aux Européens de se promener dans ton pays ? Pourquoi moi, un enfant du Livre, comme toi, suis-je ici considéré comme un chien-basset ? etc., etc.

L’interprète expliqua ma conduite à Ibn Seoud.

Sa Majesté prit le papier et me fit dire qu’il me répondrait demain, après réflexion…

Le lendemain, le cher commandant de la garde m’apporta un paquet, un magnifique costume, de la part de Sa Majesté. Je le mis. Que j’étais beau ! Si j’allais au restaurant revêtu de cette bure royale, je pourrais certainement régler le dîner avec un chèque sans provision !

— Et les réponses à mes questions ?