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PÊCHEURS DE PERLES

— Vous n’avez plus rien à dire ? fit-il, le moment venu.

Silence. Alors, pointant son doigt sur les pieds de l’un :

— Toi, tu as des souliers. D’où viennent-ils ? D’Europe.

Et montrant un par un les assistants :

— Toi, tu as des étoffes… Toi, tu as mangé du sucre, ce matin… Toi, tu portes une cravate. D’où cela vient-il ? Lorsque vous serez capables de vous passer de ces choses ou de les fabriquer vous-mêmes, je serai votre sabre et je chasserai les Européens.

— Mais je suis envoyé par mes frères syriens, dit Nabi, qui tous vous admirent…

— Menteur ! Menteur ! Taisez-vous. Me prenez-vous pour une idole ? Vous n’êtes bons qu’à mendier toujours ! Demander de l’argent et mentir, voilà bien des Arabes !

Que voulez-vous de moi ? Me brouiller avec la France et l’Angleterre ? Hacha Lilah ! (non, certes, Dieu !) Et pour quoi et pour qui ?

Qu’avez-vous fait depuis deux ans ? Des ruines de votre pays, des morts de vos frères et de vos enfants ? Qu’avez-vous montré au monde entier hormis votre capacité pour le meurtre, le pillage, l’incendie, la destruction ? Vous n’êtes que des mounafequins (provocateurs) de ceux que Dieu