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PÊCHEURS DE PERLES

d’arabe : maisons basses à toits-terrasses, et ce sont des palais fantastiques dont le délabrement ajoute à la noblesse. La moindre maison a l’air d’un château-fort construit par des dentellières. Imposantes par leur cube et par leurs cinq étages, elles portent sur leurs faces les grâces d’innombrables loges, logettes, balcons et baldaquins en bois féeriquement travaillé. C’est à croire que l’on se promène au milieu de l’illustration la mieux réussie des Mille et une Nuits.

En dehors des pèlerins, la ville n’est jamais abandonnée, elle est régulièrement habitée par les mouches. Elles y furent apportées par lesdits pèlerins de tous les pays d’Orient et d’Extrême-Orient. Pas une ne manque. Elles vont par millions, sans se mélanger, toutes conscientes de leur origine. La mouche de Java ne fréquente pas la mouche de Bagdad. Chaque million de mouches a son quartier. Quand un million de mouches de Jérusalem veut, par exemple, pénétrer dans le quartier du million de mouches de Marrakech, c’est une telle bataille que les hommes pris dans ce champ ne s’en relèvent plus. Ces mouches ont la mémoire de leur nationalité. Dès que débarquent les Irakiens, toutes les mouches de l’Irak les attendent au port, après, elles les suivent pendant leur séjour sans les quitter d’une semelle. La nuit, quand les pèlerins sont couchés, elles les recou-