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PÊCHEURS DE PERLES

Bédouins, Boukariotes et Polonais, d’autres inconnus, d’autres méconnaissables, vêtus de deux torchons, piétinant dans une ville de cauchemar, l’œil allumé et des voix en tête ! On a vu des animaux, devenus fous, tourner rapidement sur place dans l’espoir d’apprendre à vivre à leur queue, mais qui donc en a vu cent cinq mille à la fois ? Il faut avoir connu la plus misérable racaille orientale pour s’imaginer ces exemplaires du genre humain. Même la foi qui fait les beaux visages ne peut rien sur les leurs. En les regardant on pense moins à l’homme qu’à la bête.

En voici qui ont la barbe teinte au minium : ce sont des Indiens du Sind ; leur regard m’incite à cacher mes mains, on dirait qu’ils vont ouvrir les mâchoires et me dévorer deux doigts. Ces tout petits sont-ils moins dangereux ? S’ils avaient un dard à la place d’une langue, ils vous le planteraient volontiers au milieu du nez. Je n’aurais jamais cru cela des Javanais ! Voici des Persans. Par la volonté de Pehlavi, leur dernier shah, les Persans sont ordinairement coiffés d’un adorable képi de sous-chef de gare en goguette ; aujourd’hui, les voilà furieux d’avoir la tête nue. Pourquoi semblent-ils m’en rendre responsable ? Et ceux-ci qui foncent grossièrement, comme des sangliers, dans le troupeau épais ? Garons-nous : ce sont des Irakiens. Je préfère les Égyptiens, ceux-là ne font