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PÊCHEURS DE PERLES

Deux silhouettes sautèrent dans le houri qui se détacha et gagna le lavoir, je veux dire le port. Les deux hommes mirent pied sur les pierres de corail, atteignirent la jetée et vinrent dans la ville ; l’un très grand, l’autre très petit, maigres tous les deux. Un casque jadis blanc, mais qui s’était roulé dans du cambouis comme un âne se roule dans l’herbe, une poitrine creuse encadrée d’une veste non boutonnée, de longues jambes flageolant dans les tuyaux d’un pantalon sans couleur, tel était le grand, qui portait aussi des verres jaunes. Le petit n’était pas si bien vêtu, c’est toute la description qu’il mérite.

Ils marchaient côte à côte, vite, comme des gens ayant affaire dans le pays. Les mouches des ruelles les virent passer, muets, mais ne se quittant pas d’un pouce. Le dos de leur veste, sans doute en papier buvard, buvait la sueur de leurs omoplates. Le petit était tout de même un peu trop grand pour servir de canne à l’autre, ce qui était regrettable pour l’autre qui vacillait de plus en plus. Arrivés à la partie sombre du bazar, ils entrèrent dans une échoppe qu’un juif bronzé, assis dans le fond, éclairait de ses deux yeux.

Le grand était Italien, le petit était Grec et tous deux étaient ivres. Les trois lascars traitaient une affaire fort mystérieuse. Les ayant observés suffisamment, nous entrâmes dans le repaire.