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PÊCHEURS DE PERLES

vermoulu conquistador. Et, parlant à mon double, je lui dis : « Tu vas t’en aller, vieille carcasse, par petites étapes, à travers la mer Rouge, où l’on pêche aussi. Te voilà à Suez déjà. Tu louvoieras le long de la côte du Hedjaz, tu jetteras un œil sur les îles Farsans. De là, tu gagneras l’Érythrée où les plongeurs de Massaouah sont, prétend-on, fameux encore. De Massaouah, d’une voile assurée tu tomberas sur Djibouti. Là, tu verras ce que l’initiative des gouverneurs a fait d’un marché que l’on disait prospère. D’un saut, tu seras en Somalie anglaise, c’est-à-dire aux pêcheries de Zeïla ! Ensuite tu feras une grande enjambée, d’Afrique en Asie ; Aden te recevra. Et la grande fête commencera. Tu t’en iras à travers les petits sultanats de la côte arabique. Du cheikh de Haora, tu passeras chez le sultan de Makalla. Peu après, sur la rive d’Oman, le sultan de Mascate te recevra, et, un jour, sur je ne sais quel bateau, tu te présenteras à la porte du golfe Persique. Ce sera un beau jour ! Toutes les fées de Perse et d’Arabie t’ouvriront leur royaume. Elles te conduiront elle-mêmes sur les bancs de Linga, où si blanches sont les perles ; puis à Doubai, sur la côte des Pirates, où les perles sont si chaudes. Enfin, porté par une galère capitane, voiles rouges gonflées et galériens aux rames par une aurore aux doigts de rose, à Bahrein, tu aborderas ! »