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PÊCHEURS DE PERLES

notre pays s’appelle France, notre métier n’est ni de vendre ni d’acheter, mais de raconter des histoires à nos contemporains par le truchement de l’écriture imprimée. Nous venons prendre des nouvelles des pêcheurs de perles pour les transmettre à nos amis.

Le nakuda fouilla ses poches, en retira une dizaine de calicots rouges, les dénoua et nous mit tant de perles dans la main que vous en auriez toutes perdu la tête, ô mes jolies !

La scène se passait dans une cour. Nous étions assis sur une natte grossièrement tressée. Les perles les plus belles, je les envoyais à Chérif Ibrahim. Lui, par la même voie, m’expédiait son choix. Quelques-unes restaient encastrées dans les défauts de la natte, alors, nous lancions un numéro comme fait le croupier de casino quand la boule a trouvé son trou !

Vingt Arabes assistaient à ce jeu. Nous les avions d’abord pris pour la clientèle ordinaire, attachée à la demeure d’un notable. C’était l’équipage d’un sambouk qui, dès demain, partirait jeter l’ancre sur un banc. Ces hommes se déplacèrent et vinrent nous entourer. Penchés et attentifs, ils regardèrent les merveilles dans le creux de notre main.

Ils énonçaient des dates et des lieux de pêche, comme des sommeliers l’âge et le cru d’un vin.