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PÊCHEURS DE PERLES

dattes dans la poussière. Le bruit du moucharabieh, celui des dattes touchant le sol n’ont pas échappé au mendiant. Il tâtonne pour trouver la manne. Nous ramassons les dattes et les lui donnons.

— Dieu est bon parce qu’il est grand, dit-il. Cet aveugle était un ancien plongeur.

— Demandez-lui, Chérif, depuis quand il est aveugle.

Réponse : Depuis cinq ans, mais il n’a cessé de plonger que depuis trois ans.

— Je ne comprends pas, il est aveugle, dites-vous, depuis cinq ans ?

Réponse : La cécité n’est pas un empêchement au métier de plongeur.

— Alors pourquoi ne plonge-t-il plus ?

Réponse : Ce n’est pas à cause de ses yeux, mais de son souffle. Il ne pouvait plus emmagasiner assez d’air d’une seule lampée.

— Ne pouvait-il rester moins longtemps sous l’eau ?

Réponse : Il était bon plongeur, tenant jusqu’à deux minutes. À la fin, il se faisait remonter après trente-cinq ou quarante secondes, le nakuda ne le considérait plus et, lui, avait honte devant ses camarades.

— N’a-t-il pas gagné d’argent ?

Réponse : Dans son bon temps, il eut jusqu’à