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PÊCHEURS DE PERLES

Comme tout le monde, j’avais parcouru la mer Rouge. C’était alors sur des bateaux de riches, ridicules monuments, palaces à la dérive, en un mot lieux de scandale et de perdition, où l’homme peut non seulement manger et dormir, mais pousser l’audace jusqu’à s’abreuver d’eau naturelle. Passez, somptueux paquebots, vous ne m’intéressez plus ! Aucun de vous ne m’a dit ce qu’était la mer Rouge. De l’humidité, une chaleur qui suffoque, des ventilateurs qui brassent ? Si ce n’était que cela ! Après Djeddah, après Hodeidah, voici les Farsans. Qui peut se flatter d’avoir trouvé une ville comme son imagination la lui représentait ? Mais, au nom de tous les joailliers du monde, je le demande : un archipel de pêcheurs de perles doit-il ressembler à un marché aux poux ?

Enfin, nous sommes à Seguid.

Nous marchons avec le livreur de vermicelle qui nous conduit chez un nakuda. Une plainte s’élève du bout de la ruelle où nous avançons, une plainte en arabe : « Il n’y a que Dieu qui est grand, que Dieu qui est généreux, que Dieu qui donne au pauvre qui pleure, » C’est un aveugle. Un moucharabieh se soulève, et Dieu apparaît sous la forme d’une main qui laisse tomber trois