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LES COMITADJIS

C’est bien mon tour, vous en suivez assez d’autres. La moitié du lot cingle vers l’avenue Marie-Louise, l’autre moitié vers le boulevard Doudoukoff. Ils ont faim. Les conjurés vont faire leur marché.

Ce grand-là s’appelle Todor, puisque le boulanger en le voyant lui a dit : « Dobrovétché Todor. » C’est un goinfre. Ayant mis un pain d’une livre sous son bras, il entra chez le charcutier, qui lui laissa prendre une queue de cochon. Du charcutier il passa chez le marchand de lait caillé, qui lui en plia dans un journal. Cette manne ne lui suffit pas ; il saisit deux boulettes de hachis chez un traiteur. Il pénétrait dans les boutiques, envoyait un salut, se servait et partait sans payer.

Tous les autres en faisaient autant.

Que n’ai-je prêté le serment !

Les poches rebondies de victuailles, les voici revenus au cœur de l’antre. C’est l’heure du repas. Ils sont tassés dans leurs cafés au risque d’en faire éclater les vitres. Les patrons leur doivent la chaise et l’eau à volonté. Comme le contrat ne prévoit ni assiette ni fourchette, les pensionnés de la Terreur mangent avec leurs doigts et lèchent les papiers !

Messieurs, bon appétit !