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LES COMITADJIS

pent les hauts postes ; l’argonaute ordinaire trouvera donc rapidement du travail. Mais il est des cas d’espèce. Alors le déraciné est dirigé sur l’Orim. Est-ce un héros ? Un aspirant au martyre ? C’est un gars à son aise dans sa peau et dont seul le ventre crie au moment des repas. Le voïvode recruteur se gardera d’ausculter l’âme de l’affamé, l’estomac seulement l’intéressera : plus il sera vide, plus l’affaire ronflera.

Et c’est ici que nous allons apprendre comment on ravitaille une compagnie.

Le grand intendant de l’armée française n’a certes pas poussé l’invention aussi loin.

Mais Vantché se tient à sa disposition pour lui expliquer le système.

Les tenanciers de cafés, de restaurants, d’hôtels, les épiciers, les boulangers, les marchands de saucissons, tout forain ouvrant éventaire dans le quartier des conjurés, ces contribuables du gouvernement régulier bulgare, ne retireront leurs volets ou ne relèveront leur tente que s’ils payent, par surcroît, une dîme à M. Mikaïloff.

— Toi, l’hôtelier, dit Vantché, tu me réserveras cinq chambres dans ta maison, dont deux au premier étage, pour mes voïvodes, et toi, le boulanger, toi le charcutier, toi qui fais cailler le lait, et vous, tailleurs, casquettiers et bottiers, et