Page:Londres - Les Comitadjis ou Le terrorisme dans les Balkans, 1932.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
72
LES COMITADJIS

moi dans l’antre. Où que je frappe, on me fait aussitôt asseoir, et des orateurs de premier plan commencent ainsi : « La Macédoine, monsieur, en 1893… » J’en ai assez de la Macédoine de 1893, de celle de 1903 et de celle de 1920. Certes, la Macédoine ne m’est pas indifférente, j’ai pour elle la plus profonde vénération, mais je ne suis ni un historien ni une cartomancienne. Le passé et l’avenir ne sont pas de ma compétence. Matérialiste, je ne me nourris, monsieur, que de temps présent. Gardez vos brochures de propagande. Il me faudrait louer un wagon pour ramener en France toutes celles que je reçois. Quand je pénètre dans ma chambre, je ne sais plus où me coucher, où m’asseoir, où marcher ; il y en a sur le lit, sur les chaises, sur le plancher. Ce que je pense en faire ? C’est bien simple. Avec les feuilles de ces beaux livres, je ferai des cornets, je les remplirai de fromage à la crème et je les enverrai à tous les donateurs, parce que je ne suis pas un ingrat, et qu’il faut, à un don, répondre par un don. Venez à mon secours. Montrez-moi l’entrée du labyrinthe.

— Voulez-vous donc que l’on me fasse sauter la cervelle ?

— Votre cervelle, Monsieur, m’est aussi chère que la mienne.