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LES COMITADJIS

de cette tempête en formation réagirent en frémissant. Pour tout résultat ils apercevaient les manants au bout d’un chanvre, tirant la langue, les membres ballants. On les attaqua dans leurs fils. Les fils gagnèrent les pères. Peu à peu, les sceptiques se sentaient isolés, écartés de la sainte table patriotique, excommuniés. À leur tour ils prêtaient le serment.

Ce serment les illuminait. Les vieux de cette époque disent qu’ils croyaient ressusciter et que, pour la première fois, ils voyaient le monde.

On s’habitua à ne plus trembler devant les bachi-bouzouks. Autant de conjurés, autant d’agents secrets contre le gouvernement turc.

Les plus hauts placés, dont la révolte se défiait, n’étant pas touchés, venaient d’eux-mêmes, à la fin, frapper à l’huis mystérieux. Voyons, ne sommes-nous pas Macédoniens ? Pourquoi nous laisser dehors ? Et les avares eux-mêmes demandaient : combien faut-il payer ?

Commença l’évangélisation des campagnes. Le maître d’école groupait les plus aptes en petits foyers. Le dimanche, les apôtres couraient les villages, prêchant entre leurs dents les catéchumènes, sous les grands arbres. Ceux qui se rendaient à l’idée recevaient un parrain de la ville. Sitôt le serf mûr pour le serment, le citadin allait prendre