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LES COMITADJIS

Mais dans l’état d’imperfection où végète toute œuvre humaine, est-ce là une bien grande découverte ? Surtout dans ce pays ?

Avant l’autre, ne fut-il pas le pays de la « Liberté ou la Mort ? » Groueff et Tocheff, les deux inventeurs de la Révolution macédonienne, ne sont-ils pas d’ici ? Sur ce territoire, voilà trente-huit ans, le premier serment ne fut-il pas prêté ? Est-il un bourg qui ne pourrait tailler dans la pierre la figure d’un de ses fils, haïdouc célèbre ? Le souvenir des prisons, du bagne de Fezzan, des potences, ne se profile-t-il pas encore, ombre à peine délavée, sur l’écran des coteaux ?

Ce professeur, ce maire, ce médecin que voilà, n’ont-ils pas, dans leur jeunesse, tenu la montagne ? Et cet ancien coupeur de routes, qui s’emparait aussi bien de la bourse d’un particulier que de la caisse de l’État turc — pour la cause, bien entendu ! — n’est-il pas aujourd’hui directeur de banque à Skoplié ? Et ce pope vénéré, qui, tous les jours, en passant devant les croix de bois françaises d’Uskub, crie au vent, sans s’arrêter, une pathétique prière, ne dit-il pas qu’il fut bandit de Dieu ?

Tels sont les éléments dont les comitadjis nourrissent leur activité. S’ils envoient des troïki de l’autre côté de la frontière, s’ils tuent un général