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LES COMITADJIS

Et comme dans un puits on jette un caillou quand vraiment on ne sait plus quoi faire, une lettre jetée dans le trou de la poste abandonnée. La nuit tombant. Plus une lumière, plus un soupir. Sur les pavés, mes pas sonnant la fuite. Telle était l’image qui me restait de Belgrade.

Aujourd’hui, mes amis, « je n’vous dis qu’ça ! »

Qui m’a volé ma petite capitale aux cailloux pointus ? Elle n’y est plus. Quelqu’un l’a escamotée. Pourvu qu’il n’ait pas emporté du même coup la Save et le Danube ? Où sont mes rues paysannes ? Mes bœufs ? Mon chien perdu ? Il faut même que je me gare sans attendre, sinon tous ces gens que je ne connais pas m’écraseraient. Les ingrats ! Ils marchent sur les pieds de l’homme qui, en 1915, laissa, ici même, tomber le dernier pleur sur la cité expirante. D’abord, qu’en ont-ils fait de cette cité ? Il faudra bien qu’ils le disent un jour ou l’autre. Vraiment elle n’est plus là. Et cela prouve que mon idée n’était pas si folle, jadis, de vouloir l’emporter sur mon dos !

De la guerre, de tant de misères, de tant de