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LES COMITADJIS

Il faisait beau ce matin. Alexandre II de Russie, le tsar libérateur, bien en selle sur son cheval de bronze, surveillait toujours l’entrée de la Chambre des députés, appelée ici Sobranié. Je tournais autour du monument. Le cheval — et cela on ne pouvait le nier — montrait ostensiblement sa croupe à la légation de France. Je ne crois pas, cependant, que ce geste ait été prémédité. Il convient donc de n’en pas faire plus longuement état. J’étais au lieu d’un rendez-vous.

Avant midi, l’homme que j’attendais arriva.

— Je n’ai rien vu de ce que je devais voir, lui dis-je.

Il tira sa montre et me rassura. Nous étions en avance. Et nous marchâmes, de long en large.

— De tout temps, me confiait ce compagnon, on s’est servi du pistolet dans les Balkans. Mais ce qui se passe en Bulgarie, depuis huit ans, on ne l’avait encore jamais vu. Tenez, regardez ce promeneur.

L’homme désigné venait au-devant de nous, d’un pas mou. Derrière lui, à cinq mètres, un individu coiffé d’une casquette suivait, les mains enfoncées dans les poches de sa veste ; de son regard