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LES COMITADJIS

C’était un beau gars. Comme il portait sa casquette au ras des yeux, je ne saurais vous dire la hauteur de son front. Je suppose que ce dernier ne devait pas être démesurément grand, la leçon — je veux dire l’assimilation de la ressemblance — ne paraissant entrer que petit à petit. Parfois il remettait le tout dans sa poche : la main et la photo. Puis il comptait les mouches. Mais la notion du devoir l’emportait sur son goût des récréations, et de nouveau il se replongeait dans son travail. Il s’imposa quatre tête-à-tête en moins de vingt minutes. On voyait qu’il était persévérant. C’est un garçon qui arrivera.

L’usage de la photographie n’a pas tué le métier de « montreur ». Les « montreurs » sont d’une classe au-dessus des tueurs. Répandus dans la société balkanique, ils connaissent tout au moins de vue les principaux personnages de la pièce macédonienne. C’est la brigade mondaine de Sa Toute-Puissance la Terreur. Ils portent des chapeaux.

Quand deux ou trois familiers de la rue Ardo se promènent sur l’aggloméré jaunâtre de Sofia, précédés d’un monsieur en chapeau qui feint de ne pas les connaître, vous pouvez suivre le lot, une présentation va se faire. Ils rodent devant le So-