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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

tout en l’aimant vous la méprisez, elle vous le rend bien sans vous aimer.

C’est toujours autant de gagné !

Tout connu ! Vous la trouvez à la Boca, c’est-à-dire tout à fait dans le fond, non seulement le fond de Buenos-Aires, mais le fond de tout, et encore du reste ! Vous la trouvez, solitaire, dans sa petite maison « casa francesa » à tous les « cuadres » du vaste damier de Buenos-Aires. La loi permet une « casa » sur chaque face du « cuadre ». Quatre casa, quatre femmes, souvent quatre Françaises à l’hectare carré ! Vous la trouvez dans la rue. Les initiés appellent celle-ci et ses sœurs la garde du consulat de France. Les soirs, dès six heures, elles se promènent devant le Consulat comme si elles recherchaient non seulement ce qu’elles cherchent, mais aussi une protection. Est-ce le Consulat qui s’est installé sur le trottoir, à cause des petites compatriotes ? Sont-ce les compatriotes qui ont choisi ce bitume à cause du Consulat ? Enfin, dans l’ensemble, nous avons de la chance : si notre Consulat est dans le centre, notre légation est dans un quartier retiré. Ainsi, évitons-nous la garde de la légation !

Vous la trouvez dans tout ce qu’il y a de plus triste au monde sur la surface du globe, dans les établissements où la nuit, on s’amuse à s’ennuyer.