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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Même le plus indispensable.

La femme !

Les ferrailles, les machines, les pointes sur les casques étaient allemandes. Le chemin de fer, le vêtement, le cornichon à la moutarde étaient anglais. L’automobile, les rasoirs, la mauvaise éducation étaient North America, le terrassier était italien, le garçon de salle était espagnol, le lustro était syrien.

La Femme était française ! Franchucha !

À San-Luis, à Villa Mercédès, à Roca, stations du long chemin qui mène à la Cordillère des Andes. Sur son versant, à Mendoza. Sur le Paraguay, et le Parana, à Rosario, à Santa-Fé, à Concordia, à La Paz, jusqu’à Goya ! Jusqu’aux portes du désert du Chaco austral : à Corrientès. Sur le Salado, à Salavina, à Tucuman. Jusqu’à Salta, jusqu’à Jujug chez les condors ! Au Sud : à La Plata, à Bahia Blanca. Et même jusqu’au pays des peaux ! dans l’indomptée Patagonie !

Dans les pampas infinies où l’on sent l’abandon.

Aux campos, partout où des hommes seuls s’efforçaient à prendre racine dans ce sol neuf, on voyait monter, procession amère, des jeunes femmes allant se vendre.

Ces femmes venaient de France.

Franchuchas !