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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

piastres. Le camarade avait raison. J’ai perdu mon argent. À la place de l’appartement ce fut l’hôpital. J’ai été à son enterrement. Il ne faut pas regretter une bonne action.

Il but.

— Et après, Victor ?

— Après, j’en rachetai une autre : une Italienne. Les sangs mêlés cela ne vaut rien. Je ne restai pas quinze jours avec elle : je la revendis avec bénéfice.

— Et après ?

— Après, j’en achetai une demie.

— Une demie quoi ?

— Une demi-femme. Cinquante pour cent pour le collègue, et cinquante pour cent pour moi. C’est comme pour la grande loterie, quand on n’est pas riche on se divise. C’était la Rita, des seins à se mettre à genoux devant, une allure d’écuyère à cheval. On n’en voit plus, comme celle-là ! Elle était trop chère pour un seul. Il fallait la loger selon son rang, l’habiller d’après ses mérites. On ne présente pas une perle choisie dans une boîte en carton. La Rita ? Vous vous souvenez d’elle, vous autres, elle a fait la fortune de quatre : Gaston, Bob, le petit Lou-Lou et un peu la mienne — un peu la mienne parce que Lou-Lou, un an plus tard, m’avait racheté mes cinquante pour cent ! Elle a