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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

Au moment d’ouvrir la porte, l’un de mes hôtes tendit l’oreille : Nous la visiterons tout à l’heure, dit-il, elle me semble momentanément occupée… En effet, on y remuait un flacon sur une table de marbre.

— Elle ne leur ménage jamais le parfum, Lison ! fit-il.

La dernière pièce parut être à notre mesure. À nous les divans ! On s’y installa.

— Alors, Victor, vous trouvez l’autruche dans une tôle d’abatage à deux thunes au lieu de cinq…

— Et quarante-quatre sous la thune à cette époque ! Vous pensez ce qui se passa. Toutefois, je ne la tuai pas. Nos femmes sont des machines à sous. On ne casse pas sa machine à sous, on se contente, parfois, de la secouer un peu nerveusement. Et je lui dis : Puisque tu es là, reste là. Au fond tu ne valais pas mieux. Tu n’étais pas faite pour voyager en première classe. Tous les samedis je viendrai chercher la paye. Si tu bronches je donnerai ton cœur à manger aux condors de la Cordillère !

La paye n’était pas bonne. Mademoiselle s’offrait des liqueurs de marque avec son gain. C’était une vicieuse !

Un cheval vicieux, on le réforme au régiment. Dans nos rangs, une femme, c’est comme un cheval.