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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

me menacer devant les polices. Sois sage sur le bateau, lui avais-je recommandé. Elle se conduisit comme une grue ! Les camarades qui étaient à bord s’en montraient indignés. Pourquoi que tu ne la fiches pas à l’eau ? Un soir qu’elle sera assise sur le bastingage tu pousseras, on ne criera qu’un moment après.

Nous n’étions qu’à Lisbonne. Je patientai. J’attendais Pernambouc, où les requins ne manqueraient pas. Si je ne puis la dresser, eux s’en chargeront, pensais-je dans ma colère.

On aurait dit qu’elle le sentait, cette autruche-là ! À mesure que l’on approchait de la côte du Brésil, elle allait mieux ! Moi-même je voulais sauver mon second capital. Je ne tins pas parole, question de la mettre à l’eau.

Nous arrivâmes.

Mon intérêt avant tout. Pour gagner ses bonnes grâces je la promenai dans Buenos-Aires. Je l’amenai au jardin d’acclimatation. Là tout faillit casser. Ce fut de ma faute. Je ne pus m’empêcher de lui dire : — Tiens ! regarde-toi, quand nous fûmes devant la girafe. Elle jeta son ombrelle dans l’enclos du zèbre et partit en me traitant de maquereau.

Je fus contraint, le soir-même, de lui re-pocher les deux yeux.