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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

— Un ami ! fit Jacquot, me présentant.

J’en étais à mon quatrième Vittel-menthe quand un beau monsieur poussa la porte.

Il venait certainement de s’échapper de la vitrine d’un tailleur. Je tournai autour de lui, cherchant le prix du costume. « L’échappé » avait dû marcher trop vite, l’étiquette était tombée en route. Il était frais comme un porc.

Son nom était Riquet, puisqu’en entrant il dit :

— Voici Riquet !

On lui serra la main. J’appris qu’il était arrivé du matin. Il avait fait un beau voyage. Il rentrait avec de nombreux « sacs ».

— Des sacs de quoi ? demandai-je à Jacquot.

— Un « sac » c’est mille francs !

Riquet avait réussi. Il venait « en remonte ».

Je ne suis pas fâché de me faire valoir. Cette fois je n’ai pas besoin de Jacquot pour expliquer le terme. Je ne suis, sans doute, qu’un débutant dans le milieu, mais un débutant qui a des dispositions. « Venir en remonte » c’est rentrer en France chercher des femmes que l’on exportera.

— Et d’où vient-il. D’Égypte ?

— Mais non ! monsieur Albert, l’Égypte n’est pas grand’chose, il vient du grand marché.

— De la Villette ?

— De Buenos-Aires !