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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

C’était un bal musette tenu par des Auvergnats. Jacquot voulait voir si sa femme se permettait de danser au lieu de travailler sur les boulevards.

On entra à la Madelon.

« Zinc » dès la porte. Tables au milieu. Bastringue au fond. La femme de Jacquot était assise, seule, à une table. On venait de lui apporter une boisson rose qui s’appelle « diabolo ». Elle allait danser.

Jacquot s’approcha et, d’assez loin, il fit : « Et alors ? »

L’enfant se retourna. Elle était blonde et fragile un peu. Elle se leva et, dans un petit sourire, elle dit à Jacquot : « Je viens de m’asseoir. »

Elle ne se rassit pas. Elle ne but pas son diabolo. Elle s’en alla, loin de la danse, vers son devoir et les grands boulevards.

— Elle a une bonne mentalité, me dit Jacquot, c’est une petite femme tout ce qu’il y a d’honnête, mais ne la surveillez pas, et vite elle s’adonne aux plaisirs !

Nous allâmes nous accouder au « zinc ».

Plusieurs messieurs y prenaient des Vittel-menthe.

Je voudrais bien savoir pourquoi tous ces messieurs aiment tant cette boisson couleur d’eau verte ? Ce n’est là qu’un détail.