Page:Londres - Le chemin de Buenos-Aires, 1927.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

vous. Vous les verrez se débattre, s’enrichir, se cacher, se montrer. On vous présentera aux femmes comme un frère. Vous pourrez ouvrir l’âme de celles qui en ont une. Je suis humain comme doivent l’être, il me semble, les petits bourriquots d’Afrique que l’on fait tant souffrir. On les bat parce qu’ils sont ce que je fus : têtus et bêtes. Comme eux je suis bon. Si vous découvrez du mal, faites-le cesser. J’ai bien peur que vous ne soyez déçu ! La vérité des choses ne s’accorde pas toujours avec les principes des religions ou des sociétés. Il ne sera peut-être pas moral de trouver des heureuses où vous cherchiez des victimes. Si cela était ? C’est avec les microbes que l’on fait les vaccins. De l’exploitation méthodique du mal, s’il sortait du bien ? Vous jugerez.

On regagnait la voiture.

— Maintenant, me dit-il, voulez-vous bien considérer comme mort Vacabana et même Le Maure ?

Il tira une carte de son portefeuille :

— Je me présente.

Et je lus : Camille Fouquère[1], Importador.

Le chauffeur ouvrit la portière. L’importador donna un ordre en espagnol.

— Nous allons passer par les magasins. Nous

  1. Ici l’auteur fait usage d’un faux nom.