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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

pondis que je n’avais jamais eu la prétention d’inspirer du désir. Ils ne me comprirent pas. Il me manquait quantité de pièces. D’abord je n’avais pas trempé mes quatre doigts et le pouce dans de la pâte d’encre, ainsi j’arrivais sans mes empreintes digitales. Je leur fis remarquer que j’avais tout de même des empreintes digitales, mais qu’au lieu de les déposer sur un papier je les avais conservées au bout des doigts, pour être plus sûr, ajoutais-je, de ne pas les égarer. Ils ne goûtèrent pas l’explication. De plus, j’osais voyager sans l’extrait de mon casier judiciaire, ce qui leur prouvait surabondamment qu’il me manquait une case. Enfin ils voulurent savoir si je connaissais quelqu’un à Buenos-Aires qui pût au moins répondre de moi. — Non, leur répondis-je, moi je n’ai pas de tante ! Ils prirent sans doute cela pour une injure personnelle. Ils devinrent plus méchants. — Que venez-vous faire, que venez-vous faire à Buenos-Aires ? Je leur répondis que je venais voir les maquereaux. Ils me demandèrent de répéter ce que je venais de dire. Alors je répondis : Je viens voir les maquereaux, en vérité.

Ces messieurs se consultèrent. Ils mirent mon passeport dans une grande serviette noire comme leur âme, leurs ongles et leurs cheveux. Je leur fis remarquer qu’ils manquaient de logique. Vous me