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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

prirent son passeport. Elle tremblait. Lu-Lu, tout à fait dégoûté de la faiblesse féminine, regardait la scène en se mordant la lèvre. Un policier interrogea l’enfant. Ce fut du beau ! Elle parla de sa tante, d’une plage qui était par là… Ah ! l’innocente !

C’est à ce moment que je vis une chose qui ressemblait à la décision suprême d’un général en chef devant l’ennemi. Lucien Carlet, ayant tout compris, quitta son poste d’observation, entra dans le bar, marcha sur la police et dit :

— Pourquoi lui faites-vous des difficultés à cette jeune fille ? C’est moi qui suis chargé de l’aider dans son voyage. Elle est timide. Elle ne sait pas vous répondre. C’est la première fois qu’elle quitte sa famille. Elle vient ici chez sa tante qui est couturière à Posito.

— Comment s’appelle cette tante ? demanda le policier.

— Comment s’appelle-t-elle votre tante, fit Lu-Lu ? Madame Beaumartin, je crois ?

— Oui, madame Beaumartin.

— Il faut le dire, voyons, puisque ces messieurs vous interrogent. Ils ne vous demandent pas cela pour vous faire du mal. Votre passeport n’est-il pas en règle ?

S’avançant vers le fonctionnaire qui tenait le papier :