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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

— La petite qui est sur le bateau ?

— Mais non ! Celle-là n’est qu’une môme. Je parle de ma femme, enfin la vraie, celle qui m’a déjà gagné douze cent mille francs.

— Quel âge a-t-elle donc ?

— Vingt-quatre ans. Encore un an et je la tiendrai quitte. Elle aura mérité ses galons. Nous ne sommes pas des ambitieux. On achètera un bar à Marseille et ce sera la vie bourgeoise. Je vous la présenterai à Buenos-Aires.

C’était l’un de ces soirs où, abrutie de chaleur, la mer elle-même était à plat.

— Va chercher aux secondes une bouteille de champagne, dit le millionnaire au boy annamite. Il faut qu’on se remonte.

— Eh bien ! et la petite, qu’est-ce que c’est ?

— Une occasion. Je n’étais pas venu « en remonte », j’étais en France depuis quatre mois. Je traînais pour ne pas retourner là-bas. En dehors de la France vous savez bien que tous les autres pays c’est rien de bon pour habiter. Je pensais que ma femme qui est si raisonnable se passerait de moi. Mais elle s’ennuyait de son petit homme. Je devais faire un sacrifice. Puisqu’il fallait revenir je ne pouvais revenir à vide. Quand on a un métier, il faut le respecter. J’ai cherché un « lot ».

C’était à la terrasse du café Napolitain. J’étais