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LE CHEMIN DE BUENOS-AIRES

pouce et index ils soulevaient lentement leur chapeau. De leurs deux mains, ils allaient le pendre à un clou non sans avoir auparavant chassé d’un souffle léger, une poussière toujours possible sur un tel instrument. Cela fait, de deux doigts délicats ils replaçaient leur cravate qui n’était pas déplacée. Une pichenette sur l’avant-bras où peut-être une petite puce osait s’ébrouer.

Les voilà devant le siège. Ils le regardent. Éclairé par ce regard l’artiste essuie le rond de cuir. Mes hommes s’assoient comme sur des œufs.

Alors on leur fiche des huiles, des graisses et des pommades sur la tignasse. Poil par poil on les rase. La figure dans un linge chaud d’où ne sort plus que leur museau, on les évente. On leur récure l’entrée du canal de la trompe d’Eustache, et peut-être bien la sortie ! Poudre, miroir, retouche. Re-poudre, re-miroir ! Un nouveau petit coup du menton dans la glace. Fini !

Ils sont debout. Et les voici qui s’immobilisent, les bras horizontaux et repliés en ailerons.

Fermez la fenêtre, ils vont s’envoler et je ne les reverrai plus ! S’ils se tiennent dans cette position ce n’est pas pour prendre leur vol, c’est pour recevoir le coup de brosse. Ils tournent lentement sous la brosse. De leurs deux mains ils repincent leur chapeau par les ailes. Au-dessus de leur chef ils élèvent